Samedi 1er Août
Mobilisation générale.
Au jour le jour !
Dimanche 2 Août
Premier jour de la mobilisation générale. Hier matin j'ai pris la résolution d'agir en Français ! Je rendais mes cartons à la Musique, quand je me suis retourné machinalement sur la ville, la cathédrale vivait, et elle disait : << Je suis belle de tout mon passé. Je suis la Gloire, je suis la Foi, je suis la France. Mes enfants qui m'ont donné la Vie, je les aime et je les garde. >> Et les tours semblais s'élever vers le ciel, soutenues seulement par un invisible aimant. Et Meyer me dit : << Vois-tu des boulets dans la cathédrale? >> J'ai été à l'infirmerie, je serai du service armé et si on touche à la France, je me battrai. Toute la soirée, des mères, des femmes sont venues à la grilles. Les malheureuses ! Beaucoup pleuraient, mais beaucoup étaient fortes. Maman sera forte, ma ma petite mère chérie, qui est bien française, elle aussi! J'ai reçu sa lettre ce matin, dimanche. Ici, je te confie un secret, carnet, elle contenait cette lettre, une lettre d'une jeune fille qui aurait peut-être pu remplacer Thérèse un jour. Si je pars et si je meurs, je prie ma petite mère de lui dire combien j'ai été sensible à s lettre de courage, dans sa grâce ; combien je la remercie des bonnes paroles que j'ai vraiment senties être d'une amie. Je suis sorti ce matin prendre du linge, poser mon violoncelle chez Barette. J'ai écrit à petite mère. Je ne peux pas écrire à tous, mais je pense pourtant à tous nos amis.
Maurice Maréchal